Matérialisme et classes sociales

Publié le par NPA REIMS


NOTIONS D'ÉCONOMIE MARXISTE

Chapitre 1 - Matérialisme et classes sociales

Le marxisme doit être un guide pour l'action, capable d'intégrer l'évolution des sociétés et des connaissances. En ce sens il constitue à la fois une philosophie de l'histoire humaine, et une méthode de compréhension du fonctionnement des sociétés.

L'analyse matérialiste d'histoire et du fonctionnement des sociétés humaines ne veut pas dire réduire tous les évènements et toutes les évolutions à une causalité matérielle (économique) unilatérale, comme l'a trop souvent fait un matérialisme vulgaire, influencé par le stalinisme.

« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ». (Avant-propos à la Critique de l'économie politique, 1859). Pas d'autonomie (ou autonomie seulement relative) de la conscience, de la morale, de la culture, de la religion, par rapport à la base matérielle de l'histoire humaine, qui est constituée des forces productives et des rapports de production.

1-1 : Introduction

Le marxisme n'est pas un catéchisme mort. Il doit être un guide pour l'action, capable d'intégrer l'évolution des sociétés et des connaissances. En ce sens il constitue à la fois une philosophie de l'histoire humaine et une méthode de compréhension du fonctionnement des sociétés.

1-1-1 : La conception des structures socio-économiques et la philosophie de l'Histoire : Matérialisme historique et dialectique.

L'analyse matérialiste de l'histoire et du fonctionnement des sociétés humaines ne veut pas dire réduire tous les événements et toutes les évolutions à une causalité matérielle (économique) unilatérale, comme l'a trop souvent fait un matérialisme vulgaire, influencé par le stalinisme.

A : Qu'entend-on par matérialisme ?

« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » (Marx : Avant-Propos à la critique de l'économie politique, 1859).

Pas d'autonomie (ou autonomie seulement relative) de la conscience, de la morale, de la culture, de la religion, par rapport à la base matérielle de l'histoire humaine, qui est constituée des forces productives et des rapports de production.

Cf en annexe :

- Document 1: La doctrine matérialiste

  • - Document 2: La critique de la religion.

A1- Rapports de production :

Le rapport fondamental de toute société humaine est le rapport à la nature. Pour assurer sa survie, l'être humain se constitue progressivement à partir de son affrontement avec la nature. Il transforme la nature par le travail, mais est transformé lui-même par cette activité. Le travail est constitutif des sociétés humaines.

En même temps, ce rapport à la nature n'existe pas indépendamment des rapports que les êtres humains établissent entre eux pour organiser la production : ce sont les rapports de production qui ont pris des formes différentes dans l'histoire : esclavage, servage, salariat.

Rapports sociaux de production : ensemble des relations sociales qui s'établissent entre les hommes dans le cadre de cette activité productive. Dans l'analyse de Marx, les rapports de production correspondent plus précisément aux rapports de propriété dedits moyens de production (machines, usines...)

A2- Forces productives :

Ces rapports de production s'établissent dans la mise en œuvre des forces productives.

Forces productives : ensemble des éléments qui assurent à un moment donné le développement des activités productives.

Il s'agit des moyens matériels et non-matériels utilisables dans la production :

- les biens d'équipement, outils de production,

  • - les sources d'énergie et les matières premières disponibles,
  • - la force de travail,
  • - les sciences et techniques en vigueur,
  • - la division technique et sociale du travail, organisation du travail,
  • - les connaissances.

A3- Modes de production :

Mode de production : chaque société peut se caractériser à un moment donné de son histoire par son mode de production qui est la combinaison entre les rapports de production et l'ensemble des forces productives qui la caractérisent.

Exemples : modes de production esclavagiste, féodal, capitaliste.

Ils sont donc caractérisés par une organisation technique particulière de la production, correspondant à un certain niveau de développement quantitatif et qualitatif des forces productives et des rapports de production.

Un changement de mode de production naît de contradictions entre les deux, contradictions qui apparaissent sous la pression de la lutte des classes.

«A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues judsqu'alors... Commence alors une ère de révolution sociale » (Marx : Avant-Propos à la critique de l'économie politique, 1859).

Exemple : au XVIII° siècle en Europe, contradiction entre des rapports de production issus du féodalisme (ordres, corporations) et le développement des forces productives, avec la domination économique de la bourgeoisie, qui exige la libération des marchés.


B- Une conception dialectique :

 

Il est essentiel de bien appréhender l'approche dialectique pour comprendre comment l'approche marxiste permet d'analyser l'histoire et pour ne pas tomber dans les déformations du stalinisme.

B1- Pas de vision linéaire de l'Histoire :

Il faut rompre avec une conception mécanique et linéaire, véhiculée par le stalinisme, d'un mouvement de l'Histoire par étapes, marqué par la succession quasi-automatique des modes de production. Les modalités de ces changements dépendent des événements et des aléas de la lutte des classes.

B2- Pas de « matérialisme vulgaire » :

Si la base matérielle (forces productives/rapports de production) détermine en dernière instance ce qui se passe dans la sphère de la politique, du droit, de la morale, de la religion etc. il faut aussi se garder d'une vision mécanique du rapport entre « infrastructure » et « superstructure » : ainsi le développement des techniques n'est pas indépendant de la structure sociale ; la sphère des idées exerce une interaction sur la sphère matérielle etc...

1-1-2 : Le rôle de la lutte des classes

Toutes les sociétés humaines, tous les modes de production sont caractérisés notamment pas différentes classes sociales et différentes modalités de la lutte des classes.

Pour Marx, la lutte des classes est l'élément moteur de l'histoire des sociétés humaines : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. » (Marx-Engels : Manifeste du Parti Communiste, 1848).

A - Les classes sociales :

A1 - Une conception de la structure des sociétés :

Il existe deux visions fondamentales de la société et donc de l'économie. Certaines analyses réduisent la société à une collection d'individus.

D'autres analyses mettent l'accent sur le fait que les individus ne peuvent pas être envisagés indépendamment de la société et des groupes qui la structurent. Le marxisme se rattache à ce type d'analyse, même si le débat sur le degré d'autonomie de l'individu reste ouvert.

A2 - Des rapports conflictuels entre les classes :

Le marxisme n'est pas le seul courant de pensée à concevoir l'existence de classes sociales.

Cependant la spécificité de la conception marxiste des classes sociales est de considérer, contrairement à d'autres courants des sciences humaines (Weber), que les rapports entre les classes sociales sont nécessairement des rapports de lutte, d'antagonisme irréductible, de par leurs positions différentes dans les rapports de production.

Le clivage entre classes sociales est donc essentiel dans la conception marxiste. La lutte des classes ne dépend de la bonne volonté des uns ou des autres, mais renvoie à la logique des modes de production. Aucune classe dominante ne cède volontairement le pouvoir.

A3 - La division entre classes n'est pas la seule :

Le clivage homme/femme, les rapports sociaux de sexe, sont plus anciens que le clivage entre classes sociales et ils conditionnent un certain nombre de fonctions essentielles. En même temps, l'oppression des femmes s'articule à chaque époque avec les différentes modalités de la domination de classe.

L'émancipation des femmes est un élément essentiel du projet d'émancipation humaine et de toute perspective révolutionnaire.

Les diverses sociétés sont parcourues par d'autres clivages (religieux, nationaux...) qui peuvent contribuer à brouiller les représentations que les individus se font de la réalité et donc leur comportement. Ces clivages peuvent être utilisés par les classes dominantes.

A4 - La division en classes est liée à l'apparition d'un surplus :

Dans tout mode de production, il existe en effet une classe dominante qui s'approprie le surplus créé par le travail de la ou des classe(s) dominée(s) et exerce le pouvoir dans la société.

Des sociétés sans classes ?

Dans les premières communautés humaines, basées sur la chasse, la cueillette ou des formes très sommaires d'agriculture, la productivité du travail est très faible. Le produit du travail d'un individu suffit à peine pour le maintenir en vie, lui et sa famille. Tou(te)s sont alors producteurs : ils se trouvent au même niveau de dénuement. Il n'y a pas de possibilité de division du travail, d'apparition de personnes spécialisées dans l'artisanat, la production artistique etc... Il n'y a pas non plus de division sociale du travail, de différenciation de la société dans laquelle des personnes pourraient vivre sans contribuer à la production.

Les conséquences d'ine division sociale du travail

Tout accroissement de la productivité du travail, au-delà de ce niveau le plus bas, crée la possibilité d'un petit surplus

Productivité du travail = production/quantité de travail utilisée.

La productivité augmente lorsque pour un même temps de travail, on produit plus ou bien si moins de travail est nécessaire pour produire la même quantité de biens.

Dès qu'il y a surplus de produits alimentaires, deux évolutions sont possibles :

- tout d'abord, certains individus peuvent se spécialiser partiellement ou totalement dans des tâches particulières (artisanat) et, en échange de leurs services, reçoivent des aliments de la part de ceux qui ont continué à se consacrer totalement à la production de nourriture. Cette différenciation des formes de travail ne remet pas forcément en cause l'égalité des producteurs.

- mais l'apparition d'un surplus de produits introduit un autre chgangement fondamental. L'ensemble du travail d'une collectivité humaine ne constitue plus seulement du travail destiné exclusivement à l'entretien des producteurs. Une partie de ce travail peut être utilisée pour libérer certaines personnes de la nécessité de travailler pour leur entretien propre.

Lorsque cette possibilité se réalise, une partie de la société peut se constituer en classe dominante.

Travail nécessaire et surtravail

Le travail des producteurs se décompose dès lors en deux parties. Une partie de ce travail sert à l'entretien propre des producteurs : c'est le travail nécessaire. Une autre partie de ce travail sert à l'entretien de la classe dominante : c'est le surtravail.

Pendant que le producteur effectue le travail nécessaire, il produit le produit nécessaire. Pendant qu'il effectue du surtravail, il produit un surproduit social. Le surproduit social, c'est donc la partie de la production produite par la classe des producteurs que s'approprie la classe dominante.

Les conditions et les formes de cette appropriation du surproduit social par la classe dominante diffèrent selon les sociétés et les époques.

B- Spécificité du mode de production capitaliste

Si le mode de production capitaliste (MPC) se caractérise par un clivage de classe comme les modes de production qui l'ont précédé, il présente par rapport à eux certaines spécificités.

B1 - Les producteurs sont massivement dépossédés des moyens de production :

Exemple : mouvements des enclosures en Grande-Bretagne aux XVI° et XVIII° siècles qui privent les paysans d'accès à la terre et constituent une des conditions de l'avènement du capitalisme industriel.

Le MPC se caractérise par la propriété privée des moyens de production.

B2 - Le MPC met face à face deux classes principales : la bourgeoisie et le prolétariat :

Bourgeoisie ou classe capitaliste : c'est l'ensemble des propriétaires des moyens de production, de transport de capital-argent (sous forme d'argent), d'immeubles, de propriétés foncières.

Prolétariat ou classe ouvrière : désignent ceux qui ne possèdent que leur force de travail :

- sont contraints de la vendre pour vivre (dépossédés qu'ils sont des moyens de production), n'ont pas de patrimoine qui permette d'en vivre,

- sont libres de le faire (et contraints de le faire), à la différence des serfs et des esclaves.

Annexe 1 : Les classes moyennes

Les classes moyennes : pour Marx, elles n'ont pas d'intérêts communs et se rangent en général du côté du plus fort.

C'est bien sûr le cas des artisans, petits commerçants, qui possèdent des moyens de production mais les utilisent pour eux-mêmes et n'exploitent personne, et des professions libérales.

Le cas de ce qu'on nomme parfois aujourd'hui « les nouvelles classes moyennes salariées » est différent et est souvent source de confusion. La plupart des hauts cadres du privé et du public ont partie liée avec la bourgeoisie. Ils ont en commun avec elle le mode de vie et le niveau de revenus et ils ont un intérêt évident à la conservation du système. Mais on ne peut en dire autant des enseignants, chercheurs, techniciens et de la plupart des ingénieurs ou cadres d'exécution du privé ou du public : ceux-là aussi sont obligés de vendre leur force de travail pour vivre et ne deviendront jamais propriétaires des moyens de production.

Ces deux classes n'existent pas indépendamment l'une de l'autre. La bourgeoisie ne peut exister qu'en s'appropriant le surtravail de la classe ouvrière. La classe ouvrière se construit dans l'antagonisme avec la bourgeoisie. Ce conflit est rendu visible en temps de lutte collective contre la patronat, mais il ne cesse jamais.

Annexe 2 : Classe en soi, classe pour soi

Marx définit la classe sociale à partir d'un double enjeu : un intérêt économique partagé et la construction d'une conscience commune : c'est la distinction entre « classe en soi » et « classe pour soi ».

« classe en soi » = réalité objective de la classe, groupe social défini par sa position dans les rapports de production.

« classe pour soi » = classe consciente d'elle-même, de ses intérêts communs.

Sous le capitalisme, non seulement la classe ouvrière est exploitée mais elle est aussi dominée et aliénée : spontanément, elle n'a pas la conscience d'être une classe. Pourtant, la domination idéologique ne conserve pas éternellement cette efficacité.

Dès lors, l'enjeu diu combat social et politique, c'est le passage de la « classe en soi » à la « classe pour soi », c'est-à-dire l'avènement de la classe ouvrière comme acteur conscient de ses intérêts immédiats et, à plus long terme, du système qui l'exploite et qui l'opprime, de l'antagonisme qui l'oppose à la classe capitaliste et de la nécessité d'une autre société (cf. aussi Document 4 : Classe en soi - Classe pour soi).

« Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivant dans des conditions économiques qui les séparent les unes les autres et opposent leur genre de vie, leurs intérêts et leur culture à ceux des autres classes de la société, elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n'existe entre les paysans parcellaires qu'un lien local et où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale, ni aucune organisation politique. » (Marx : 18 Brumaire, Ed.Sociales 1976)

Dans le salariat, la division du travail est liée à la mise en concurrence des salariés entre eux : le capitalisme crée des divisions entre salariés, qui visent à émietter la relation salariale. La construction imaginaire d'une relation salariale basée sur le contrat de travail isolant le travailleur en est l'expression.

Ces divisions traversent le salariat.

Le travail politique vise à unifier le salariat, à le transformer en sujet d'histoire. La construction politique de la classe sociale est donc fondamentale.

B3 - Les conditions de reproduction de la domination de la bourgeoisie :

Invisibilité de l'appropriation du surplus par les capitalistes

L'économie capitaliste régit aujourd'hui la très grande majorité des sociétés humaines. Elle est construite sur un rapport social fondamental : celui qui lie les capitalistes propriétaires des moyens de production et les salariés qui en sont dépourvus. Mais contrairement à ce qui se passe dans le servage ou l'esclavage, l'appropriation du surtravail des salariés par les capitalistes n'apparaît pas de manière évidente.

Annexe 3 : L'appropriation du surtravail par les capitalistes.

Le capitaliste, propriétaire des moyens de production, s'approprie le surtravail du salarié. Mais cette situation est moins évidente que dans le domaine seigneurial.

- Le salarié n'a pas de relation de dépendance personnelle avec le capitaliste, patron individuel ou société, propriétaire de l'entreprise où il travaille : il est libre de quitter l'entreprise (mais cette liberté est naturellement limitée par le fait que le salarié a besoin de travailler pour vivre).

- Le rapport entre le salarié et son patron est un rapport monétaire : le salarié reçoit un salaire en contrepartie de son travail. Le rapport entre capitaliste et salarié apparaît donc comme un rapport d'échange régi par des contrats et des « lois économiques » et non pas par un rapport de force brutal comme entre le serf et le seigneur ou, à plus forte raison, dans d'autres sociétés comme entre le maître et l'esclave.

- Contrairement au serf du Moyen-âge, le salarié ne produit pas ses moyens de consommation : il doit les acheter à partir du salaire reçu. Le temps de travail nécessaire du salarué correspond en fait au temps de travail consacré par d'autres à produire les biens et services qu'il utilise pour sa consommation. Ainsi, si les moyens de consommation du salarié ont nécessité quatre heures de travail, le travail nécessaire du salarié est égal à quatre heures : au bout de ce laps de temps, le salarié a produit autant de travail qu'il en consomme. Si le salarié travaille, par exemple, huit heures, la différence entre le temps de travail total et le « travail nécessaire » constitue le surtravail fourni gratuitement au capitaliste.

- Enfin, contrairement à ce qui se passe dans le système féodal, la division entre temps de travail nécessaire et surtraval n'est pas directement visible dans le système capitaliste. D'une part, le salarié passe tout son temps de travail dans la même entreprise, alors que le serf travaille en partie sur sa parcelle, en partie sur les terres seigneuriales. D'autre part, le salaire est souvent exprimé sous la forme d'un paiement à l'heure (par exemple, 8 heures à 50 F) : toutes les heures paraissent payées, aucune heure n'apparaît fournie gratuitement.

Ces caractéristiques aboutissent à ce que le mécanisme de l'appopriation du surproduit social par la classe dominante est moins visible dans la société capitaliste que dans la société féodale. Pour comprendre ces véritables règles du jeu : la division entre travail nécessaire (payé) et surtravail (non payé), il faut aller au-delà des apparences : le salaire qui rémunère la journée de travail et le profit qui est présenté comme la contrepartie légitime des investissements du capitaliste et de son savoir-faire.

Rôle de l'idéologie dominante

Annexe 4
: Le rôle de l'idéologie dominante

La captation de la plus-value s'appuie sur deux mécanismes complémentaires :

- d'une part, la propriété privée des moyens de production donne aux capitalistes le pouvoir de décider.

- d'autre part, ceci ne peut fonctionner qu'en s'appuyant sur la reproduction du système de domination.

Cette domination d'une classe sociale s'appuie sur de nombreux mécanismes sociaux qui dépassent la simple possession des moyens de production : c'est d'ailleurs pourquoi la révolution ne se résumera pas à la prise du pouvoir économique. L'idéologie de la classe dominante, véhiculée par différents canaux (médias, culture, système éducatif...) contribue a faire apparaître cette domination comme légitime et naturelle.

La classe ouvrière elle-même existe comme classe sociale par ses attaches culturelles, son mode de vie et pas seulement par une situation éocnomique partagée.

Cf. Document 3 : L'idéologie dominante.

C - La classe ouvrière aujourd'hui

Les transformations du prolétariat ont suscité beaucoup de controverses.

C1 - Les chiffres :

Rappelons d'abord quelques chiffres à partir des données de l'INSEE :

- les ouvriers représentaient 40% de la population active en 1970, ils en constituent aujourd'hui 28% (30% avec les contremaîtres qui étaient classés avec les ouvriers avant 1982). Il serait abusif de conclure qu'il s'agit d'une catégorie en voie de disparition.

- Les employés en 1970 formaient 23% des actifs, ils en représentent aujourd'hui 30%. Il s'agit pour l'essentiel de femmes ;

Autrement dit : depuis 30 ans, ouvriers et employés représentent 60% de la population active et constituent les 2/3 des salarié(e)s.

- Les professions intermédiaires (technicien(ne)s, instituteurs, institutrices, infirmier(e)s...) sont pour leur part passées de 11 à 16,5% de la population active.

Cf. Annexe 1

C2 - Un élargissement et une diversification

Au total, les « classes populaires » astreintes à un travail subordonné constituent la grande majorité de la population active. Compte tenu des évolutions des processus productifs et des conditions de travail et de rémunération, le prolétariat moderne doit donc être élargi à l'essentiel des employés et à une partie des professions intermédiaires, voire à certains salariés classés parmi les cadres.

Par rapport à d'autres époques, il y a effectivement recul global du sentiement collectif (lié en partie, mais pas seulement, au développement de la précarité)

C3 - Un prolétariat divisé qu'il faut unifier

Cf. Annexe 2

CONCLUSION :

L'émancipation du prolétariat est la condition nécessaire à l'émancipation de l'humanité, mais ce n'en est pas la condition suffisante. Et ce, pour au moins trois raisons :

1- l'émancipation des femmes n'est pas un sous-produit naturel des luttes sociales,
2- la classe ouvrière est multiple,
3- l'expérience de la Révolution Russe montre la possibilité que, du sein-même du pouvoir issu d'une révolution prolétarienne, se développent des couches sociales «contre-révolutionnaires».

Publié dans Formation

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